Bonne nouvelle : le Louvre étant maintenant réouvert depuis le 20 mai, j'en profite toujours pour faire un tour via leur propre site internet envers différentes collections, que j'ai choisi pour ma part de lier aux pays concernés, et bien sûr à la grande qualité des œuvres d'art, classées évidemment par ordre chronologique...
1) Anonyme, milieu du XIVème siècle, Jean II le Bon, roi de France.
Bien qu'elle soit totalement anonyme, cette œuvre offre la particularité d'être la première depuis l'antiquité, ce qui lui confère un aspect exceptionnel. La formule classique est certes utilisée, mais le peintre s'efforce de donner à Jean II le Bon des traits caractéristiques, notamment liés à ses cheveux longs, sa barbe, et aussi à sa robe de bure noire - qui rappelle son rôle de chef de l'Eglise en France...
2) Jean Fouquet (1420-1480), Charles VII, roi de France.
Réalisé plus d'un siècle plus tard, vers 1450-1455, ce tableau de Jean Fouquet se distingue du précédent non seulement grâce à sa signature, mais aussi à la façon alors très nouvelle de représenter le Roi de France aux trois-quarts, sans aucun des attributs traditionnels de son rang. Sa vision très réaliste de Charles VII se retrouve dans la représentation de son visage, allant du long nez plongeant jusqu'aux petits yeux, et aussi de la lassitude de sa vieillesse, qui est heureusement compensée par le texte très élogieux de la toile...
3) Enguerrand Quarton (1411-1466), La Pietà de Villeneuve-lès-Avignon.
Réalisé également autour de 1455, ce tableau, d'une taille exceptionnelle de 163X218cm, paraît pour la plupart des spécialistes attribuable à Enguerrand Quarton - bien que certains d'entre eux le voient encore comme une pièce italienne, due à Giovanni Bellini, d'autres comme une œuvre espagnole. Quoiqu'il en soit, cela demeure exceptionnel, et reste lié à la traditionnelle luminosité de palette due à Quarton, de même qu'à sa représentation du visage, et des plis assez perturbants qu'il utilise très souvent...
4) Jean Clouet (1480-1540), Le Portrait de François Ier, roi de France.
Bien qu'étranger, Jean Clouet fit presque toute sa carrière en France, et fut sûrement influencé par le portait de Charles VII dû à Jean Fouquet, presqu'à un siècle de distance. Entré au service de François Ier en 1516, il était déjà un portraitiste reconnu, seulement comparable à Holbein, et son style est déjà typique de la renaissance. Le Roi est représenté dans sa plus pure majesté, sa barbe est très soignée, le nez nettement prononcé, et l'habit qu'il porte est absolument sublime, que ce soit dans ses couleurs ou les plis qu'il possède...
5) Ecole de Fontainebleau (fin du XVIème siècle), Portrait de Gabrielle d'Estrées et de sa sœur la duchesse de Villars.
Un tableau, qui bien qu'anonyme, laisse passer le mystère et l'érotisme de ces deux jeunes femmes au premier plan. C'est d'autant plus gênant que celle qui se fait pincer le sein (interprété à l'époque comme le fait d'être enceinte) n'est autre que Gabrielle d'Estrée, autrement dit l'une des maîtresses favorites de Henri IV. Mais les deux femmes ont l'air très droites, une nourrice présente à l'arrière-plan semble confirmer ce futur bébé, et de plus, Gabrielle d'Estrée tient à la main gauche une bague offerte par le roi - ce qui est sans doute son anneau de couronnement. Bref, beaucoup à dire, sur cette toile étonnante, qui fut d'ailleurs copiée un bon nombre de fois...
6) Georges de La Tour, (1593-1652), La Madeleine à la veilleuse.
C'est de très loin l'un de mes peintres français préférés, qui a quasiment couvert la première moitié du XVIIème siècle, notamment avec ce tableau de la fin de sa vie. Contrairement à ses prédécesseurs, il est très inspiré par Caravage, pratiquant ses clair-obscur d'une façon particulièrement constante...
7) Georges de La Tour (1593-1652), Saint Joseph charpentier.
Un second tableau de lui, sur les six que compte le Louvre, date à peu près de la même période, autour de 1640-1645. Ce n'est certes pas dit dans le titre, mais c'est tout de même l'enfant Jésus qui apparaît à sa droite, qui à lui tout seul tient toute la lumière nécessaire à cette scène...
8) Georges de La Tour (1593-1652), le Tricheur à l'as de carreau.
Cette toile est par contre beaucoup plus ancienne (autour de 1638-1639), date à laquelle Georges de La Tour a été contraint de quitter Nancy pour rejoindre Louis XIII, dont il a été immédiatement nommé "peintre ordinaire du roi", et a reçu sa résidence au Louvre. Là encore, très inspiré par Caravage, il présente de gauche à droite le tricheur, la servante, la courtisane, et le jeune homme berné. Je pourrais certes vous en dire plus, mais je préfère vous donner le lien direct, tant il y aurait à en dire là-dessus... 9) Jacques Blanchard (1600-1638), Vénus et les Grâces surprises par un mortel.
Bien moins célèbre que le précédent, Jacques Blanchard n'a eu guère de possibilités de bien se faire connaître, étant donné sa mort à 38 ans. Il partit cependant pour Rome en 1624, puis pour Venise quelques années plus tard, avant de revenir pour la France, où il fut très bien accueilli par le roi Louis XIII. Il était très admiratif de la fameuse trilogie italienne (Le Titien, Tintoret, Véronèse), et s'en inspira pour peindre l'un des ses plus beaux tableaux, Vénus et les Grâces, que l'on peut voir aujourd'hui au Louvre...
10) Philippe de Champaigne (1602-1674), La mère Catherine-Agnès Arnault et la sœur Catherine de Sainte Suzanne de Champaigne.
Voici également un peintre assez peu connu, mais qui tout comme le précédent, vécut une grande popularité de son temps, notamment du fait de la reine, Marie de Médicis, et aussi grâce à son autorisation unique à peindre le cardinal de Richelieu. C'était un homme plutôt religieux et austère, janséniste, mais qui a réalisé ce tableau en pur hommage à sa fille Catherine, qui connut un véritable miracle en 1662, le fait de retrouver l'usage de ses jambes après de longs mois d'incapacité. Philippe de Champaigne offrit la toile au Port-Royal des Champs, et ses couleurs très peu utilisées sont assez compatibles avec le texte en latin inscrit à gauche, ce qui est plutôt rare...
11) Hyacinthe Rigaud (1659-1743), Louis XIV (1638-1715).
Evidemment, il s'agit du tableau de Louis XIV le plus connu de tous. Le peintre est moins célèbre de nos jours, mais il fut une véritable vedette à l'époque, peignant même trois portraits de Louis XV, aujourd'hui conservés à Versailles. Né autour de Perpignan et descendant d'une lignée d'artistes, il s'installa définitivement à Paris en 1681, où il a peint près de mille toiles, celle-ci restant la plus grandiose de toutes, ne serait-ce que par son caractère officiel et les objets que lui seul pouvait porter : la couronne, le sceptre, la main de justice, l'épée de Charlemagne, l'hermine et le trône...
12) Jean-Siméon Chardin (1699-1779), La Raie.
Voici enfin mon autre maître français favori, Jean-Siméon Chardin. C'était un grand spécialiste des natures mortes, genre relativement peu pratiqué à l'époque, et auquel il va apporter un soutien incroyable (37 tableaux de lui sont visibles au Louvre). Grosso modo, l'encore vivant (le chat, les huîtres) se trouve à gauche de la toile, tandis que l'inanimé prend place à droite, l'ensemble se répartissant autour de la raie en une série de pyramides, assez impressionnants...
13) Jean-Siméon Chardin (1699-1779), Pipes et vases à boire.
Nous nous trouvons ici avec un second tableau, bien plus postérieur, mais qui jongle toujours avec les formes et les couleurs, comme s'il s'agissait d'une constante chez Chardin. La pipe, la fiole, le verre à boire en font quelque chose de typiquement masculin, et c'est semble-t-il une sorte d'aveu sur la petite condition bourgeoise de l'époque...
14) Jean-Siméon Chardin (1699-1779), Le bénédicité.
Daté de 1740, cette toile nous montre également que Chardin était fort habile lorsqu'il s'agissait de représenter des gens, même si cela n'était pas au départ sa spécialité. Il se fit grâce à ce tableau très bien reconnaître par Louis XV, et je vous laisse en apprendre davantage sur lui en vous rendant sur le site Jean-Siméon Chardin, comme à l'accoutumée... 15) François Boucher (1703-1770), Diane sortant du Bain.
Heureusement pour ce dernier peintre, il est mort juste avant la révolution française ! Il n'empêche : il a connu une existence heureuse, extrêmement prolifique, et presque toujours tourné vers le Rococo, ce qui lui valu la protection de madame de Pompadour. Bien que moins choquant que l'Odalisque (également conservé au musée du Louvre), Diane sortant du Bain reste tout de même relativement érotique, et cela est une grande innovation pour l'époque, avant le retour du Néo-classicisme, qui durera aisément jusqu'en 1800...
Voilà, il est temps d'arrêter toutes ces descriptions, en espérant que celles-ci vous aurons donnée envie de les voir "pour de vrai", depuis que le musée du Louvre est réouvert, depuis le 20 mai 2021... Je ne peux donc plus vous dire qu'une seule chose : laissez un commentaire (l'Allemagne et les Pays-Bas, l'Angleterre et l'Espagne, l'Italie, la France (après la Révolution), cela me fera énormément plaisir, après le temps qu'il m'a fallu pour réaliser cet article - en grande partie grâce au propre site du Louvre, qui détaille méticuleusement certains de ses meilleurs tableaux ! Libellés : Beaux-Arts, Ier, Louvre, Musées, Tableaux