MUSEE D'ORSAY
Passons maintenant, d'emblée, à Gustave Courbet (1819-1877), certes l'un des peintres les plus anciens du musée, mais aussi - heureusement ou malheureusement - l'un des plus célèbres grâce à ce tableau, baptisé l'Origine du monde (1866) :
Il y aurait énormément de choses à dire à ce sujet, mais je vous laisse le soin de les découvrir par vous-même. Quoi qu'il en soit, ce tableau fut au départ commandé par un diplomate turc, puis fit ensuite le transit via de nombreux pays, avant de revenir finalement en France, par le rachat du psychanalyste Jacques Lacan.
Je vous présente enfin ce tableau bien antérieur (1850), qui certes ne fut pas fait dans de très bonnes conditions, mais a au moins le mérite de nous montrer un musicien fort connu à l'époque, Hector Berlioz :
Changeons maintenant complètement de registre, avec le bien connu Edgar Degas (1834-1917), un parisien à 200%, de surcroit aristocrate de famille, qui en partie s'est fait connaître avec ce genre de toile assez terrifiante, Dans un café, qui sous des apparences assez tristes, cache en réalité les grands dangers de l'absinthe :
Néanmoins, Degas est surtout très célèbre pour ses nombreuses toiles consacrées au ballet, dont La classe de danse est l'une des plus connues - et il est là-dessus inutile de revenir sur la passion du peintre pour l'opéra de Paris, auquel il se rendra constamment de 1870 jusqu'à sa mort :
Il en fit bien sûr de très nombreux tableaux, mais également de simples esquisses extrêmement raffinées, telle que celle-ci (exposée à Orsay dans la catégorie Arts Graphiques) :
Degas était sans doute l'un des premiers peintres à l'origine du groupe des impressionnistes, mais encore assez peu engagé dans le mouvement, finalement...
Toujours daté de 1891, Femmes de Tahiti nous montre deux figures de cet endroit, bien typiques, dans le genre... Jusqu'à la fin de sa vie, Paul Gauguin tentera de lutter contre les problèmes d'argent et de santé, mais n'y parviendra pas. Ils mourra sur les îles Marquises, où sa tombe, visible à Atuona, sera côtoyée, 75 ans plus tard, par celle du très fameux Jacques Brel :
Tout aussi fameux, Edouard Manet (1832-1883), authentique parisien tout comme Edgar Degas, fut très longtemps considéré, à tort, comme l'un des fondateurs importants de l'impressionnisme, alors qu'il utilisait très peu les nouvelles techniques de la couleur et le traitement de la lumière...
Une autre série, particulièrement célèbre, représente en trente exemplaires la Cathédrale de Rouen (1892), et il y en a déjà quatre ou cinq ici... Mais on peut voir au musée d'Orsay cet autre tableau bien antérieur (1877), La Gare Saint-Lazare, qui malgré des allures apparentes de géométrie parfaite, représente de la meilleure façon les variations de couleur et la naissance de l'impressionnisme :
Encore plus jeune (1873), Coquelicots est lui aussi typique de l'impressionnisme... Il participa d'ailleurs à la Première exposition des peintres impressionnistes, rue des Capucines à Paris, qui toucha hélas assez peu de gens à cette époque :
Il tenta aussi de s'inspirer de la toile d'Edouard Manet, afin de réaliser un gigantesque Le déjeuner sur l'herbe, qui devait initialement mesurer près de quatre mètres sur six ! Mais là aussi, rien ne se passa comme prévu, de gros problèmes d'argent obligèrent Monet à céder son tableau à son propriétaire, et il n'en reste aujourd'hui que les deux extraits visibles à Orsay ;
Fort heureusement, il trouva enfin en 1883 le lieu idéal pour toute sa famille, une maison paysanne située à Giverny, dotée d'un jardin potager, d'un verger, d'un étang et d'un pont. C'est là qu'il découvrit les nymphéas, qu'il ne cessera plus jamais de peindre jusqu'à sa mort - où il était enfin célébrissime, salué par nombre de ses amis, notamment Clémenceau :
Il est d'ailleurs touchant de découvrir au musée d'Orsay l'une des très rares photos autochrome de 1921, représentant Claude Monet "presque en couleurs" en bas de sa maison... Si vous aimez énormément ces tableaux de nymphéas, n'hésitez pas soit à vous rendre sur place, à Giverny, soit à opter pour le musée Marmottan Monet, qui offre une vue remarquable sur toute une série de vastes toiles, et est situé lui aussi à paris, dans le XVIème (et oui, on ne plaisante pas) !
Nous passons maintenant à quelque chose de bien plus emblématique (et plus ancien), l'œuvre de Jean-François Millet (1814-1875), l'un des fondateurs de l'école de Barbizon, qui se fit déjà bien remarquer en 1857 avec Les glaneuses, tableau fondé sur le prolétariat rural et ses trois positions fétiches : se baisser, ramasser, et se lever :
Au musée d'Orsay, il y a très peu de toiles exposées, mais on y trouve quand même certaines traces dans les arts graphiques, notamment L'Apparition, datée de 1876, qui représente Salomé envoutant par sa danse le mari de sa mère, et obtient en guise de récompense la tête de Jean-Baptiste :
Si vous n'appréciez pas beaucoup ce style d'art symboliste, peu importe... Mais si vous aimez vraiment cela, plutôt qu'au musée d'Orsay, rendez vous dans le véritable musée Gustave Moreau, situé à Paris IXème, 14 rue de la Rochefoucauld, un véritable hôtel particulier acheté par toute la famille en 1852, et qui expose en permanence 850 œuvres du maître dans cet espace unique !
Suivra un peu plus tard, en 1883, Le rêve, consacré avec une grande économie de moyens à la songerie d'un jeune voyageur à trois femmes fort symboliques, l'Amour, la Gloire, et la Fortune :
Nous en venons maintenant à ce peintre assez curieusement devenu avec le temps fort célèbre, Henri "le douanier" Rousseau (1844-1910), représentant majeur de l'art naïf, qui ne respecte ni les règles de la perspective, ni celles de la couleur...
Tout aussi étonnant, mais pour d'autres raisons, Georges Seurat (1859-1891), autre parisien, fut l'un des créateurs du pointillisme, une technique bien particulière, que l'on découvre de façon éloquente dans ce tableau Le cirque (1891), qu'il élabora malheureusement peu de temps avant sa mort inattendue :
Je termine heureusement avec davantage de grands classiques, d'une part Georges Sisley (1839-1899), un franco-anglais fort amoureux de la nature, très ami avec Renoir et Monet, et qui s'est hissé assez tardivement parmi les impressionnistes, tel que le montre clairement cette toile de 1876, La barque pendant l'inondation, où se dévoile la fragilité de l'eau et la solidité de la maison :
Pour conclure, un léger coup d'œil à Maurice de Vlaminck (1876-1958), né à Paris et ayant connu les deux guerres mondiales, qui fut juste au départ lié à l'impressionnisme, après quoi il se rendit avec son ami André Derain au fauvisme, un art beaucoup plus expressionniste, comme on le voit très bien sur ce tableau, Restaurant de la Machine à Bougival ;
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